Pour la première fois, la FDA, l’agence du médicament américaine, a autorisé la mise sur le marché d’un robot doté d’une intelligence artificielle capable de diagnostiquer une déficience visuelle particulière liée au diabète à partir d’une photo.
«L’autorisation de la Food and Drug Administration […] est un moment historique qui a le potentiel de lancer une transformation de la façon dont les soins de santé sont délivrés», explique Michael Abramov le PDG d’IDx. La FDA, le régulateur des produits alimentaires et des médicaments outre-Atlantique, a autorisé la mise sur le marché d’un robot pouvant diagnostiquer la rétinopathie, une déficience liée au diabète, avec l’aide de l’intelligence artificielle. Due à un taux de sucre trop important dans les vaisseaux de la rétine, cette maladie touche plus de 30 millions d’Américains et 50% des patients diabétiques de type 2 en France. Elle provoque une baisse de l’acuité visuelle et des troubles de la vision parfois irréversibles.
Le produit sera commercialisé dans des centres de soins et des cabinets médicaux qui ne disposent pas de spécialiste de la vue. Le robot IDx-DR analyse les images de l’œil prises par une caméra rétinienne. Pour cela, il envoie les photographies sur un cloud qui héberge un algorithme d’intelligence artificielle. Celui-ci répond ensuite avec son diagnostic. Soit il détecte une rétinopathie diabétique et invite le patient à consulter un ophtalmologiste, soit le résultat est négatif et il propose un nouveau contrôle un an plus tard. Le professionnel de santé garde donc la main sur le diagnostic final et sur la délivrance d’un traitement.
«De nombreux patients atteints de diabète ne font pas l’objet d’un dépistage adéquat de la rétinopathie diabétique, car environ 50% d’entre eux ne consultent pas.»
Malvina Eydelman
Les résultats sont probants selon l’agence américaine qui s’appuie sur une étude avec un panel de 900 patients. L’appareil affiche 87,4% de réussite sur les diagnostics positifs et 89,5% sur ceux négatifs. Ainsi, en autorisant la commercialisation du IDx-DR, le gendarme de la santé américain compte faciliter l’accès au diagnostic et réduire les délais de consultation. Les spécialistes ne seraient sollicités idéalement que par des patients préalablement diagnostiqués positivement par l’intelligence artificielle.
«La détection précoce de la rétinopathie est un élément important de la prise en charge des millions de personnes atteintes de diabète», explique Malvina Eydelman, une directrice de division au Centre des appareils et de la radiologie de santé de la FDA. Le robot a obtenu le statut de «découverte capitale» et bénéficie donc d’un soutien et de conseils de la part de l’agence américaine. Ce dispositif est activé lorsqu’une innovation se démarque des autres alternatives par son efficacité sur des pathologies mortelles ou irréversiblement débilitantes.
Comme l’expliquaient Les Echos, l’enjeu de l’intelligence artificielle dans le milieu de la santé est considérable. Le marché mondial devrait représenter 11 milliards de dollars en 2024 avec une croissance annuelle de 7%. De grands acteurs du numérique ont déjà lancé des projets de recherche. Avec Deepmind Heath Project, Google ambitionne faire de l’analyse de dossiers médicaux et de l’aide au diagnostic. Grâce au deep learning (apprentissage profond), la firme parvient à détecter des pathologies oculaires et doit bientôt entamer la phase des tests cliniques. Malgré quelques difficultés, Watson d’IBM, devrait réaliser à terme des diagnostics et délivrer des conseils de traitement en cancérologie.
Source: Le figaro